mercredi 9 novembre 2011

Lea Vicens, Reg'Arts


La vie est faite de belles rencontres hasardeuses.
Celle avec Léa était programmée sans l’être réellement. Je l’ai croisée au moment de boire un petit noir sur la terrasse d’un café de Nîmes. « Je viens de finir ma première saison tauromachique, je suis contente », me glisse-t-elle. Léa monte à cheval et tue des taureaux. Premier bilan espagnol : 17 corridas, 30 oreilles et deux queues coupées. La petite sœur d’Antoine, l’ami de mon frère, est disponible pour échanger.

Reg’arts sur une graine de star à cheval.
Depuis 5 ans, Léa vit en Andalousie à Cazallà de la Sierra, non loin de Séville. « Du lever du soleil au coucher, je m’occupe des chevaux et de leur dressage », me dit-elle à propos de son emploi du temps. Léa est salariée chez un des plus grands éleveurs de chevaux d’Espagne, les Perralta. Le matin, elle s’occupe de leurs chevaux et l’après-midi des siens. Léa possède 12 chevaux qu’elle dresse elle-même.
Elle a pour voisins : Morante de la Puebla ou Diego Ventura. Des figuras de la tauromachie moderne.

« Personne ne croyait en moi »
« Au début les espagnols ne croyaient pas en moi. Ils ne me prenaient pas trop au sérieux », explique Léa. Pourtant à force de travail et d’abnégation, elle a su s’imposer dans un pays étranger et un milieu très masculin. Elle démontre également à ses parents que sa passion n’est pas un caprice d’enfant. « Je me suis faite toute seule ». D’ailleurs, cette passion du cheval est née très tôt chez Léa.
« A 4 ans je montais un poney qui s’appelait Ourasi », indique la fille de Jacques, qui fût longtemps responsable de la promenade de poneys des jardins de la Fontaine.

Elle côtoie les chevaux de la maison familiale. Hervé Galtier, son prof de sport au collège de la Révolution, lui met le pied à l’étrier et la fait entrer dans le monde taurin. Elle découvre ainsi la cavalerie Bonijol qui lui permettra d’être Alguazil (représentant du président de la corrida en piste) dans les arènes de Nîmes.

La lycéenne du lycée Daudet poursuit des études de biologie à la fac mais très vite elle se dirige vers l’Andalousie pour proposer à un éleveur de chevaux de travailler pour eux au plus bas de l’échelle.

Les arènes de Nîmes, un rêve devenu accessible. Alors que notre entretien se déroule à quelques pas seulement des arènes de Nîmes, je ne doute pas du rêve de Léa de venir avec ses chevaux fouler le sable de sa ville. « Je ne me sens pas prête encore. J’ai besoin de faire encore une bonne saison en Espagne et puis après je verrai si c’est opportun », me précise avec beaucoup d’humilité la réjoneadora. Cette jeune va devenir la future « Marie Sara » en somme. « Je n’aime pas trop cette étiquette car je veux être moi-même ». Tout en reconnaissant que Marie Sara a apporté beaucoup à la tauromachie à cheval, Léa veut défendre son style : « J’aime bien faire les choses propres avec des chevaux bien dressés, une tauromachie de face, plus récente et très élégante ».

Qu’est ce qui peut arrêter Léa et ses chevaux dont Samouraï, Botero, Gazelle et Caramello ? Rien tant la lucidité de Léa est bonne sur le chemin qui lui reste à parcourir. Un chemin fait de sueurs, de poussières avalées, de chutes, d’heures passées à faire et à refaire un geste, une posture, d’amour des chevaux, de patience et de ténacité. « C’est une fille très discrète, très travailleuse avec qui je ris beaucoup», indique Agathe l’une de ses amies depuis le collège.

Si les Nîmois voient son nom à un cartel des arènes, nul doute que Léa Vicenz se sentira prête. Le rendez-vous est pris. Ses parents, ses amis et ses fans commencent déjà à frissonner en l’imaginant entrer aux sons de Carmen sous l’horloge de notre Plaza.


Jérôme Puech

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